Le viaduc de Millau : l'acier de tous les exploits
Le 14 décembre 2004, sous les feux des média, le viaduc de Millau était inauguré, ouvrant une nouvelle page dans l’histoire de la région et des ponts. Retour sur la place de l’acier dans cet ouvrage exceptionnel et sur le rôle joué par l’Otua, de sa conception à sa construction
Exploit architectural et technique, événement médiatique, élément majeur de l’évolution du trafic et de l’économie de la région, le viaduc est aussi une magnifique référence pour l’acier. Un vecteur de choix pour mettre en évidence, notamment dans l’esprit des jeunes, l’aspect high-tech, innovant et audacieux de la construction métallique. Pour montrer qu’elle rend possible de passionnantes aventures technologiques et humaines. Qu’il s’agisse de dimensions, de quantités, de délais, de performances… les chiffres s’emballent, les superlatifs se bousculent. Et sur le plan des records, l’acier n’est pas en reste.
Le choix d’une solution acier
Si le dessin du pont était décidé au terme des dix ans d’études préalables à la construction de l’ouvrage, le choix du matériau restait de la responsabilité du constructeur concessionnaire. C’est la solution acier qui s’est finalement imposée au groupe Eiffage, vainqueur de l’appel d’offres, comme seule capable de satisfaire les contraintes et exigences draconiennes fixées à l’ouvrage :
- garantir une pérennité de 120 ans minimum
- supporter en toute sécurité un trafic estimé en moyenne à 11 000 véhicules par jour, et des vents pouvant atteindre 250 km/h
- s’inscrire harmonieusement dans le paysage, le rythmant sans l’obstruer
- et bien sûr être réalisé dans les délais de fabrication impartis.
Costaud tout en finesse
L’acier présentait les caractéristiques idéales pour répondre à ces impératifs :
- durabilité et stabilité dans le temps
- compromis idéal entre performances mécaniques et légèreté, autrement dit excellent rapport résistance / quantité de matière. La légèreté du tablier (36 000 tonnes, au lieu de 160 000 s’il avait été en béton) a permis d’optimiser les dimensions des pylônes et de réduire le nombre de haubans nécessaires, l’ouvrage gagnant de ce fait en finesse et en élégance.
Le pont des records
2,5 km : record mondial de longueur pour un pont à haubans à travées multiples.
245 mètres de haut pour la plus grande pile (la P2), qui, prolongée de son pylône, atteint 343 mètres :
record mondial de hauteur pour un pont routier.
Une portée de 171m à franchir lors du lançage du tablier : encore un record mondial.
L’acier offrait d’autres avantages, notamment pendant la durée du chantier :
- Meilleurs sécurité et confort pour les ouvriers, qui ont construit le tablier majoritairement en atelier, à l’abri des intempéries. 96 % des heures de travail se sont déroulées sur des plates-formes et non en grande hauteur.
- Respect de l’environnement : d’une part parce que le chantier, installé sur ce qui allait devenir l’autoroute, n’a quasiment pas empiété sur les champs attenants ; d’autre part parce que les palées provisoires ayant servi à étayer l’ouvrage durant son édification et à lancer le tablier ont toutes été récupérées pour repartir à l’aciérie et être recyclées.
Des aciers à hautes performances
Plus du tiers des aciers utilisés pour le tablier sont des plaques d’acier à haute limite d’élasticité, de nuance S 460 M ou ML (tôles obtenues par laminage thermomécanique).
Leur avantage : engendrer un allègement important grâce à un excellent rapport résistance/poids, tout en conservant une excellente soudabilité (même à des épaisseurs de 100 mm) du fait de leur basse teneur en carbone. Aucun préchauffage des soudures n’a été nécessaire durant tout le chantier, à l’exception d’éventuelles opérations de séchage, pour éliminer la condensation en fonction des conditions météorologiques.
L’Otua, investi dans le projet
Dès fin 1999, bien avant le résultat de l’appel d’offres, l’Otua s’est investi dans le projet via une active promotion de la solution acier. Il a ensuite, en copropriété avec la CEVM (Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau) construit - en acier ! - le pavillon de Millau, destiné à accueillir les visiteurs et à leur expliquer la place de l’acier dans ce chantier et dans les ponts en général.
Il a organisé pour les maîtres d’ouvrage, prescripteurs, constructeurs, enseignants et étudiants des conférences et visites du viaduc, ainsi que des manifestations d’envergure comme le symposium Steelbridge, qui a réuni à Millau 350 personnes en juin 2004 (lire InfOtua n°5).
Enfin il a édité le bulletin Ponts métalliques n°23, qui restera la mémoire de ce fabuleux projet.
Depuis de nombreuses années, l'OTUA utilise son expertise dans le domaine des ponts et ouvrages d'art en acier pour diffuser régulièrement ses publications « Bulletin Ponts Métalliques » et « Bulletin Ouvrages Métalliques ». L'OTUA fait également partager ses connaissances et compétences en organisant des séminaires scientifiques sur le thème des ponts et des passerelles.
En 2004, le lieu du symposium s'est imposé d'emblée : le Viaduc de Millau qui consacre l'acier comme le matériau des ouvrages d'art exceptionnels de notre temps. L'OTUA a été heureux de faire connaître ce chantier exceptionnel, dans une région française magnifique.
Ce symposium international a été l'opportunité de réunir des spécialistes du monde entier travaillant sur les ponts : maîtres d'ouvrage, maîtres d’œuvre, concepteurs et constructeurs et de faire le point sur les possibilités d'innovation que l'acier continue d'offrir aujourd'hui.
Ceci a été illustré par de nombreux exemples dans les principales familles d'ouvrages qui ont été sélectionnées pour les exposés et les posters. Les participants ont bénéficié ainsi de cette richesse d'échanges sur des expériences concrètes provenant du monde entier.
L'OTUA a rassemblé plus de 350 personnes de 36 nationalités différentes pendant ces trois jours.
Une vingtaine d’entreprises européennes sont également venues présenter leur produit et leur savoir faire.