Un pont se lève à Rouen
Rouen va se doter d’un 6ème pont sur la Seine. Cet ouvrage au tablier d’acier sera le plus grand pont levant d'Europe. Au printemps 2008, il fera le trait d’union entre les autoroutes A13 et A29, facilitant ainsi la traversée de la Seine en aval de la ville.
Le 26 septembre dernier, l’Otua et l’AFGC ont organisé autour de ce chantier spectaculaire une journée de conférences et de visite pour les professionnels de la construction, métallique et mécanique.
Quel point commun entre Corneille, Boieldieu, Jeanne d’Arc, Guillaume Le Conquérant et Mathilde ?
Ce sont les noms des 5 ponts franchissant la Seine à Rouen et… tous ces ponts contiennent de l’acier. Le 6ème, qui sera inauguré au printemps 2008, n’est pas encore baptisé mais il affiche déjà ses signes particuliers. D’abord, c’est un pont levant, espèce rare dont le dernier spécimen construit en France remonte à environ dix ans. Et puis c’est un pont élevé, le plus haut d’Europe dans la catégorie des levants, dont l’installation sur la Seine a nécessité des équipements exceptionnels.
Le pont se lèvera pour l’Armada
Conçu par une équipe regroupant des compétences en architecture, génie civil et mécanismes de levage, le pont achèvera la liaison entre l’A13 (autoroute de Normandie) et l'A29 (Saint-Quentin - Le Havre). Il a pour but de décharger les quartiers ouest et le centre-ville de Rouen d’une part importante de leur trafic routier.
Pourquoi un pont levant ? Pour permettre le passage des paquebots et grands voiliers vers les quais du centre ville. Notamment lors de l'Armada de Rouen qui se tient tous les quatre ou cinq ans. Ce pont ne fera donc pas d’exercice tous les jours : il ne devrait se lever
que 30 à 40 fois par an. Soit une interruption de la circulation
routière d’1h30 chaque fois.
Préfabrication en usine pour plus d’efficacité et de sécurité
Côté construction, c’est la société rouennaise Quille, filiale de Bouygues, qui a emporté le marché. Toutes les parties en acier du pont (tablier et papillons) ont été préfabriquées : chez Eiffel, à Lauterbourg (Bas-Rhin), et chez Victor Buyck, à Eckloo (Belgique). Ce mode de construction en usine garantit la précision géométrique des assemblages, la qualité et la durabilité des soudures, un chantier propre et sans nuisance sonore, et surtout la sécurité des ouvriers. Car l’alternative aurait été d’assembler les papillons en altitude, directement sur les pylônes, à 66 mètres du sol. Ce qui aurait été plus dangereux et aurait suscité de nombreuses interruptions du trafic sur la Seine.
Des grues monumentales pour placer les papillons
Pour hisser les papillons, « bestioles » de 450 tonnes chacune, en haut des pylônes, il fallait un équipement qui soit à la hauteur. En l’occurrence des bigues, grues flottantes de forte capacité, cheminées des Pays-Bas pour l’occasion, et dont il existe très peu d'exemplaires au monde. Du coup, elles ont aussi servi pour installer les tabliers, en août dernier, ce qui a permis de minimiser l’interruption du trafic fluvial. Chacune de ces manipulations en hauteur a au plus duré 3 heures. Reste maintenant à installer les viaducs d’accès, bi-poutres mixtes réalisés par Baudin Chateauneuf, les rampes et tous les raccordements pour franchir le fleuve.